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Série de conférences Jehangir Saleh : Imprisoned Bodies: Liberation In The Midst Of Limitation

OCTOBER 12, 2017

Le mardi 26 septembre, la Ryerson University présentait dans le cadre de la série The Jehangir Saleh Lecture une conférence intitulée Imprisoned Bodies: Liberation In The Midst Of Limitation. Cette série de conférences honore la mémoire de Jehangir Saleh, un exceptionnel étudiant en philosophie et diplômé du programme Art et études contemporaines de la Ryerson University. Jehangir est décédé de la fibrose kystique en 2013 à l’âge de 28 ans.

Le conférencier à cette occasion était le Dr Drew Leder, professeur de philosophie à Loyola University Maryland, dont les écrits portent fréquemment sur la philosophie en lien avec la médecine. À cette occasion, le Dr Leder a comparé l’expérience de la vie avec la douleur ou la maladie chronique à celle de l’incarcération.

Il y a plusieurs similitudes entre les deux expériences, principalement en ce qui concerne l’isolement social et la liberté mentale. Le Dr Leder a fait remarquer que les gens qui ont une maladie chronique se sentent souvent seuls. C’est particulièrement le cas des personnes atteintes de fibrose kystique, qui ne peuvent être en contact direct avec d’autres personnes souffrant de la même maladie sans risquer une transmission bactérienne possiblement fatale. Et si l’Internet a permis aux personnes fibro-kystiques de communiquer entre elles et de former une communauté, l’isolement physique est toujours bien présent.

De la même manière, les personnes incarcérées sont non seulement isolées de leur communauté et de leurs proches pour expier leur crime, elles sont également victimes, tant durant leur incarcération qu’une fois libérées, d’ostracisme de nombreuses personnes qui refusent tout contact de peur d’être jugées.

Le Dr Leder a également abordé le thème de la liberté mentale. Un panel formé de gens qui ont l’expérience de l’incarcération ou de la maladie chronique a discuté de l’expérience des uns et des autres et souligné les similarités. Une femme ayant été emprisonnée a mentionné que chaque jour, elle trouvait des points positifs à sa situation et qu’elle se disait constamment : « Ils peuvent prendre mon corps, mais pas mon esprit. »

Combattant de la FK ayant ayant subi une transplantation pulmonaire bilatérale réussie, Wally Speckert était membre de ce panel et trouvait la comparaison entre l’expérience de la douleur chronique et celle de incarcération tout à fait appropriée, expliquant que l’acceptation de sa condition de malade chronique était une dimension importante. Il a souligné l’importance de la compassion et de la gratitude, particulièrement devant la maladie. Les membres du panel ont insisté sur la nécessité de trouver du positif dans leur expérience.

Le thème le plus évident abordé par le Dr Leder, et le plus pertinent aux deux types d’expérience, fut certainement le thème du temps. Les panélistes qui avaient vécu l’emprisonnement se répétaient dans cesse la même phrase : « Fais ton temps, ou sinon, c’est lui qui t’aura. » C’était pour eux une façon de comprendre que si leur peine d’emprisonnement semblait interminable, elle n’était jamais que temporaire, et que se répéter cette phrase les aidait à se réhabiliter et à apprendre de cette expérience. Wally Speckert a quant à lui, a parlé de mort précoce et de la durée de vie limitée des personnes atteintes d’une maladie chronique, en insistant toutefois sur le fait que la maladie nous incite à vouloir réaliser les choses que nous voulons réaliser, même si l’on doit trimbaler une bouteille d’oxygène.

Pour voir la conférence en ligne, visitez https://ryecast.ryerson.ca/67/Watch/11780.aspx.

La série de conférences Jehangir Saleh est rendue possible grâce à un don de la famille de Noorali et Saker Saleh et amis, en partenariat avec la faculté des arts, le département de philosophie et le programme d’arts et d’études contemporaines de la Ryerson University.