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Pleins feux sur la recherche

Mettre au point de meilleurs traitements contre Pseudomonas aeruginosa

Questions et réponses avec le Dr Robert Hancock

Professeur à la University of British Columbia

                                                                    

Le Dr Robert Hancock est le professeur Killam du département de Microbiologie et immunologie et détient une chaire de recherche du Canada à la University of British Columbia. Il a publié plus de 700 articles scientifiques et a reçu plusieurs prix et titres honorifiques prestigieux en reconnaissance de son travail, ayant notamment été nommé Officier de l'Ordre du Canada en 2001. Les travaux de recherche du Dr Hancock visent principalement la compréhension de l’antibiorésistance et la détermination de moyens pour la surmonter, ainsi que la mise au point de nouveaux traitements contre les infections difficiles à traiter, comme celles provoquées par Pseudomonas aeruginosa.

 

Qu'est-ce qui vous a amené à participer à la recherche sur la fibrose kystique, et qu'aimez-vous particulièrement à propos de votre travail?

J’ai reçu ma première bourse de la Fondation canadienne de la fibrose kystique – maintenant Fibrose kystique Canada – en 1979, et j’ai continué de recevoir un financement presque constant de l’organisme au cours des 39 dernières années. Cette bourse m’a été octroyée car j'ai pu démontrer, durant mes études postdoctorales à Berkeley, que Pseudomonas aeruginosa, l’un des principaux agents pathogènes touchant les personnes atteintes de FK, était associé à une forte résistance intrinsèque aux antibiotiques en raison des propriétés moléculaires de sa couche la plus externe, soit la membrane externe. En 1987, je me suis joint au comité consultatif médical/scientifique de Fibrose kystique Canada et, de 1990 à 1993, j’ai présidé ce comité, juste après la découverte de la principale mutation responsable de la FK, la DF508.

Au fil des ans, j’ai orienté mes travaux vers l’étude d’un type de résistance qu’on appelle « adaptative », soit la multirésistance dépendant des conditions de croissance de Pseudomonas, y compris la croissance in vivo (dans les poumons), la croissance de Pseudomonas en biofilms, et sa motilité au travers de la surface des muqueuses pulmonaires. Je faisais partie de l’équipe qui a découvert la structure génétique (ADN génomique) de Pseudomonas aeruginosa et je participe maintenant au contenu Web mis à la disposition des chercheurs étudiant Pseudomonas. J’ai de plus participé aux efforts visant à mettre au point de nouveaux anti-infectieux (notamment des traitements immunomodulateurs et anti-biofilms) et anti-inflammatoires, et à comprendre les mécanismes sous-jacents entraînant l’inflammation excessive des poumons en présence de FK. Ce que j’aime particulièrement de la recherche sur la FK est la solide justification pour ce type de travaux (le besoin de trouver des solutions) et ma capacité au cours des années à interagir avec des personnes atteintes de la maladie, des proches ou des soignants. Selon moi, cette communauté est vraiment exceptionnelle.

Vos travaux de recherche financés par Fibrose kystique Canada portent sur Pseudomonas aeruginosa. Pourquoi ce type d’infection est-il si difficile à traiter?

Comme on l’a montré il y a de cela des décennies, Pseudomonas est intrinsèquement résistante aux antibiotiques en raison de la structure de sa membrane externe. Nous avons par la suite montré que la multirésistance adaptative aux médicaments qui survient dans les poumons FK complexifiait encore plus le traitement des infections à Pseudomonas. Toutefois, ce n'est là qu’un côté de la médaille : plus on comprend la réponse inflammatoire dévastatrice déclenchée dans l’organisme des patients atteints de FK, mieux on comprend à quel point la réponse immunitaire est inefficace contre ces infections. La FK peut être vue comme une maladie à trois composantes dans laquelle les facteurs génétiques (mutations du CFTR et ce qu’on appelle gènes modificateurs), les organismes résistants qui croissent de façon à être encore plus réfractaires au traitement, et l’inflammation excessive se combinent de manière à rendre ce type d’infections très difficile à traiter.

Quelles sont vos dernières découvertes en matière de recherche?

Nous avons mis au point des peptides, soit des traitements qui ciblent la résistance adaptative (en particulier la multirésistance adaptative aux médicaments dépendant de la croissance en agrégats appelés biofilms dans les poumons FK) et la réponse inflammatoire excessive. Récemment, nous avons conçu un modèle simple d’infection qui nous permet de rechercher le mode d’action optimal contre les infections et l’inflammation chroniques, et nous avons mis cet outil à la disposition d’autres chercheurs. En particulier, nous disposons de peptides qui s’associent avec les antibiotiques classiques pour éradiquer des infections à Pseudomonas aeruginosa et à Staphylococcus aureus, soit les deux agents pathogènes les plus courants dans les poumons FK, qui sont très difficiles à traiter. Ces traitements ont montré des effets bénéfiques sur l’inflammation. Nous avons par ailleurs commencé à clarifier les principaux mécanismes régissant la multirésistance adaptative aux antibiotiques.

Qu'est-ce que cela signifie pour les personnes atteintes de FK?

Nous espérons amasser suffisamment de fonds et susciter un intérêt commercial assez grand pour faire passer ces traitements à l’étape des essais cliniques d’ici deux ou trois ans.

Quelles sont les prochaines étapes de vos travaux?

Nous voulons comprendre les meilleures méthodes de livraison et de formulation pour nos peptides, trouver les meilleures associations peptides-antibiotiques et lancer la recherche préclinique. Pour y parvenir, nous avons reçu un financement de Fibrose kystique Canada, en plus d’une subvention Fondation importante des Instituts de recherche en santé du Canada.