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De l’art d’être parent : l’histoire de James

APRIL 27, 2017

Fibrose kystique Canada présente une série de récits sur la fertilité et l’art d’être parent lorsque l’on est atteint de FK. Si vous souhaitez nous faire part de votre expérience, veuillez envoyer un courriel à tgillespie@cysticfibrosis.ca.

 

J’écris cet article en regardant les Oilers jouer contre les Kings un mardi soir, en compagnie de mon fils aîné, parce que j’ai eu envie de partager ce qui se passe autour de moi. Vous aurez ainsi une perspective sur ce qu’est ma vie en ce moment.

Ce matin, mon épouse et moi avons aidé nos quatre enfants à se mettre en route : notre fille aînée de 16 ans, notre fils de 14 ans et nos jumeaux fraternels de cinq ans, un garçon et une fille.

Nous avons donc quatre enfants de moins de 18 ans. Jusqu’à leur retour à la maison après l’école, les choses étaient relativement tranquilles. Maman était malade aujourd’hui et j’ai passé du temps à faire des emplettes pour mon entreprise, avec un peu de temps libre.

Quand tout le monde est rentré à la maison, les jumeaux ont tout de suite voulu jouer à leur jeu préféré sur le téléphone de leur mère – Plants vs Zombies. Ils ont vite commencé à crier et à bouder parce que leurs tours n’étaient pas respectés. La crise éclate et le garçon, qui doit sortir jouer avec son père, jette une barre granola parce qu’elle ne lui plaît pas, essaie d’en prendre une autre, qui lui est refusée, et redouble ses cris d’indignation.

Il est 16 h 45 et le temps passe très lentement.

Mon fils aîné de 14 ans voulait faire une partie de fléchettes dans le garage. Il gagne trois fois de suite. Je suis content pour lui – j’ai momentanément secrètement envie de lui planter une fléchette dans le derrière – et je suis de nouveau content pour lui. C’est son jour de chance.

Ma fille de 16 ans est partie à un cours de danse, au volant de la voiture puisqu’elle a eu son permis après son anniversaire. Elle est indépendante et motivée, ira garder des enfants à deux reprises pendant la fin de semaine, en plus d’offrir des soins de relève pour les enfants ayant des besoins spéciaux.

Comme beaucoup d’adolescents, elle est toujours à la dernière minute. Cela finira par passer, juste à temps sans doute. Pour tout dire, je devais avoir terminé l’ébauche de ce blogue la semaine dernière…

C’est ensuite l’heure du souper : des côtes levées et une casserole de brocoli qui est délicieuse, mais généralement rejetée par tous les membres de la famille de moins de 18 ans, qui la remplacent par diverses collations pillées dans le garde-manger. Encore des barres granola volées entre les jumeaux et des cris pour que leur mère leur donne de l’attention.

Je pense qu’il est maintenant 18 h 30, c’est un peu embrouillé (dans ma tête et non pas dehors). Mon fils aîné attend la partie des Oilers à 20 h 30; nous les regardons presque toujours à la télé, surtout parce que nous ne pourrons jamais nous permettre d’acheter des billets. Nous avons assisté à l’ouverture publique de Roger’s Place et vu une partie des Oil Kings, des Oilers version légère. Nous irons par contre au concert de Def Leppard en juin.

Il est maintenant 20 h 30. La partie commence, notre aînée est de retour et les jumeaux sont loin de dormir. Le petit a trouvé le Nintendo DSi de son frère et il prend des photos en hurlant si on l’interrompt. La petite commence à s’endormir après avoir aidé à nettoyer les murs de la salle de bain avec des lingettes de bébé – c’était voulu.

Finalement, après 21 h, les jumeaux sont fatigués de fatiguer tout le monde et ils s’endorment – elle dans son lit, lui à côté de maman, qui saisit avec plaisir la chance de s’endormir aussi.

Si vous croyez que je n’ai pas fait grand-chose pendant tout ce temps, c’est parce que quand maman est à la maison, je n’existe plus pour les jumeaux. Ils passent tout leur temps à surveiller tous ses mouvements et si je m’en mêle, les choses se compliquent davantage. J’observe donc, en participant à l’occasion. Ma femme est la personne la plus solide et la plus patiente que je connaisse.

Il est maintenant 22 h 36, les Oilers perdent 4-3 contre Los Angeles, mon fils n’est pas content, ma fille aînée cherche quelque chose à manger dans la cuisine et le reste de la famille dort. Je tape ces lignes, les yeux dans le vague.

La journée que je viens de décrire est tout à fait typique dans notre maison depuis environ un an.

Je me rends compte que pour un article sur la fertilité et la FK, mon récit peut sembler être une histoire pour faire peur à tout le monde. Et il est vrai que notre parcours pour mettre ces quatre personnes au monde peut donner des frissons – et c’est sans compter notre autre fils qui est décédé in utero, ce qui est une toute autre histoire.

Le but de mon histoire est simple. Mettre des enfants au monde ne représente que la première étape – et pour nous, c’était une première étape ÉNORME à franchir avant même d’entreprendre le marathon de la famille. L’article de Megan Parker qui donne des conseils pour se préparer à être parent est exceptionnel et je recommande à tout le monde de le lire. Il vous sera très utile – que vous soyez homme ou femme – si vous vous vous engagez sur le chemin de la fertilité.

Mais en guise d’avertissement, je vous dirais que si vous réussissez, votre périple ne fait que commencer. Il est long, épuisant et change la vie. Si ce n’est pas le cas, vous vous y prenez mal. Il y a beaucoup de choses que vous ne ferez pas correctement. Ce n’est pas grave, continuez.

Pour nous, faire ce que tout le monde semble faire sans y penser – être ordinaire – est un exploit. Célébrez le fait que cela se produise. N’oubliez jamais à quel point il est remarquable d’être dans cette situation; vous voulez tant vos enfants que vous êtes prêts à faire ce qui ferait peur aux gens ordinaires.

Soyez braves. Célébrez la bravoure. Soyez extraordinaires en étant simplement ordinaires. C’est comme ça que vous comprendrez.

Parce que quand on est assis avec son fils partisan des Oilers, que les Kings viennent de marquer un but qui les amène à 5-3 en troisième période et qu’il est en colère, c’est utile de se dire qu’il est extraordinaire d’être dans cette situation.

Go, Oilers, go.