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Le Programme de thérapie individualisée de la fibrose kystique (PTIFK) mis à profit pour découvrir de nouveaux traitements contre les mutations rares responsables de la FK

JANUARY 6, 2022

L’année qui vient de s’écouler a été prometteuse pour les Canadiens touchés par la fibrose kystique (FK), surtout maintenant que Trikafta est remboursé par toutes les juridictions canadiennes. Toutefois, nous savons que ce médicament ne pourra pas profiter à toutes les personnes fibro-kystiques.

C’est pourquoi le financement de la recherche visant la découverte de nouvelles options de traitement pour les personnes porteuses de mutations rares et celles qui ne sont pas admissibles aux traitements modulateurs actuels a toujours été et continue d’être une priorité pour Fibrose kystique Canada. En 2015, nous avons noué un partenariat avec The Hospital for Sick Children (SickKids) de Toronto afin de lancer le Programme de thérapie individualisée de la fibrose kystique (PTIFK), une ressource nationale consacrée à la découverte de médicaments individualisés contre la FK.

« Pour créer cette ressource, nous avons recruté 100 personnes fibro-kystiques de partout au Canada et avons prélevé des échantillons de cellules nasales auprès de celles-ci, en brossant l’intérieur de leur nez. Nous avons ensuite réalisé un séquençage pour comprendre quels types de gènes étaient activés au sein de ces cellules, a indiqué la Dre Christine Bear, codirectrice du PTIFK au SickKids. Nous avons également prélevé des échantillons sanguins à des fins de séquençage et pour produire des cellules souches. Il est possible de transformer les cellules souches en tous types de cellules matures, p. ex. en neurones, en cellules pulmonaires ou en cellules cardiaques. »

L’équipe se sert désormais des cellules souches produites dans le cadre du PTIFK pour créer des outils servant à la découverte et à la mise au point de médicaments. Récemment, Stem Cells Reports a publié un article rédigé par l’équipe de chercheurs qui a voulu miser sur le PTIFK pour tenter de découvrir des médicaments pour les personnes porteuses de mutations rares responsables de la FK. L’étude visait à déterminer s’il était possible de déceler la CFTR, la protéine clé dans la FK aux tout premiers stades de développement des poumons et d’utiliser ces cellules souches comme plateforme pour tester des molécules. L’équipe avait une méthode lui permettant de transformer ces cellules souches en cellules qui ressemblent à des cellules pulmonaires immatures. Les résultats montrent que la protéine CFTR était bel et bien présente et fonctionnelle dans les cellules pulmonaires immatures, ce qui signifie que les cellules souches des patients fibro-kystiques porteurs de mutations du gène CFTR peuvent faire l’objet de tests pour vérifier comment elles répondent à de nouveaux médicaments.

Les cellules souches sont extrêmement précieuses pour tester de nouveaux traitements. Contrairement aux prélèvements tissulaires invasifs qui doivent constamment être répétés, il est possible de générer des cellules souches à partir d’un seul échantillon de sang et de les faire croître en laboratoire presque à l’infini, ce qui permet de tester des milliers, voire des dizaines de milliers de molécules sur des tissus pulmonaires immatures afin d’en trouver une qui pourrait un jour devenir un médicament.

« Le protocole d’autres travaux cités dans des publications ayant utilisé des cellules pulmonaires dérivées de cellules souches de patients était très long et s’étendait sur de nombreux mois, ce qui entraînait des coûts élevés pour au bout du compte ne produire que quelques échantillons utilisables pouvant servir à tester très peu de molécules. En ce sens, les travaux de recherche décrits dans cet article sont uniques, indique Janet Jiang, l’auteure principale de l’article. L’outil servant à tester des molécules que nous avons créé nous permet de produire plus rapidement ces cellules, et nous avons pu élaborer une méthode de criblage haute capacité qui nous permet de tester de nombreuses molécules, selon diverses combinaisons. »

Étant donné que l’outil du PTIFK renferme aussi les cellules nasales appariées pour chaque participant, les chercheurs pouvaient ensuite valider les résultats obtenus pour un patient en les testant dans ses cellules nasales. Ils ont ainsi pu confirmer que le traitement potentiel auquel les cellules souches d’une personne répondaient le mieux était le même que pour les cellules nasales de cette même personne. Ces résultats appuient le recours à ce nouveau créneau prometteur qui permet de comparer simultanément plusieurs interventions lors d’un seul essai à partir des cellules souches d’une personne, puis de confirmer les meilleurs candidats sur les cellules nasales de cette même personne.

Est-ce que cette découverte profitera aux personnes qui ne sont pas admissibles à un traitement modulateur? La Dre Bear croit que oui. « Les personnes pour qui aucun modulateur n’est approuvé vivent beaucoup d’anxiété. On tente depuis très longtemps de trouver un traitement ciblant leurs mutations. Ce que nous décrivons ici est une solution à un problème qui freine le progrès dans la mise au point de traitements contre ces mutations rares, affirme-t-elle. Les lignées cellulaires génériques créées en laboratoire pourraient ne pas suffire pour découvrir des médicaments contre ces mutations. Nous avons maintenant un moyen de tester de nombreux composés rapidement, sur les tissus de patients porteurs de mutations rares responsables de la FK. Cela devrait véritablement accélérer le processus de recherche. »

Le PTIFK offre de nombreuses possibilités pour l’avenir de la recherche et de la mise au point de traitements. Ce programme nous fournit de nouvelles méthodes, comme celle décrite ici. Le PTIFK fournit également des cellules à d’autres chercheurs et organismes dans le but de faciliter leurs travaux de recherche thérapeutique.

« Bien qu’il reste encore beaucoup à accomplir avant de pouvoir offrir un traitement à ceux chez qui les modulateurs actuels ne sont pas efficaces, ces travaux nous font avancer vers la bonne direction. Il s’agit d’un important pas que nous ne pouvions pas franchir auparavant, a indiqué le Dr Paul Eckford, coauteur de l’étude et directeur du programme de recherche de Fibrose kystique Canada. Merci à tous ceux qui ont participé au PTIFK. Cette ressource existe car des Canadiens atteints de FK ont fait don de leurs échantillons : c’est grâce à eux que nous pouvons continuer d’aller plus loin. »

Pour en savoir plus sur le PTIFK et savoir quelles mutations rares font l’objet de tests, consultez la page Web du PTIFK (en anglais).