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Questions posées à Erik van Tilburg, récipiendaire d’une bourse d’études de Fibrose kystique Canada

MARCH 23, 2017

Erik van Tilburg Bernardes a récemment terminé une maîtrise ès sciences à la University of Calgary. Ses travaux portent sur la bactérie Pseudomonas aeruginosa, considérée comme l’une des principales causes d’infections pulmonaires chroniques chez les personnes fibro-kystiques. P. aeruginosa tend à résister aux antibiotiques, en partie parce qu’elle forme des biofilms, soit des communautés de bactéries qui se lient ensemble et se fixent à une surface, formant une mince couche qui les rend difficiles à éradiquer.

Les travaux d’Erik visent à trouver des moyens d’empêcher P. aeruginosa de former des biofilms, afin d’accroître l’efficacité des antibiotiques contre les infections pulmonaires chroniques dont souffre les personnes atteintes de FK, et de favoriser la survie à long terme chez cette population.

Un représentant de Fibrose kystique Canada a récemment eu l’occasion de s’assoir avec Erik pour le questionner sur ses travaux. Voici ce que ce dernier avait à dire :

D’où vient votre intérêt pour la recherche en lien avec la fibrose kystique?

C’est un cas classique d’avoir cogné aux bonnes portes au bon moment. Je me suis intéressé aux bactéries depuis mon premier cours de microbiologie, et après m’être adressé à quelques enseignants, j’ai été invité à participer à un projet portant sur la mise au point de vaccins en laboratoire, supervisé par le Dr Luiz Felipe Coelho. Pendant ce projet, j’ai testé la capacité d’un vaccin prototype anti-Pseudomonas, fabriqué à l’université de ma ville de résidence, pour protéger les souris contre les infections à P. aeruginosa. Après ce projet initial, une passion pour la recherche est née chez moi, en particulier les travaux portant sur la microbiologie et visant à déterminer les mécanismes utilisés par les bactéries pour infecter leur hôte et les rendent malades. Cet intérêt m’a amené à prendre contact avec mon superviseur actuel, le Dr Shawn Lewenza, qui m’a offert de participer à un projet visant la découverte de nouveaux antimicrobiens pour traiter les infections chroniques à P. aeruginosa à l’aide d’une approche anti-virulence très intéressante, selon laquelle ces nouveaux antimicrobiens ne tuent pas directement les bactéries, mais atténuent leur capacité de se protéger, ce qui facilite leur élimination à l’aide d’autres approches thérapeutiques.

Quelle est la découverte la plus excitante que vous avez réalisée jusqu’à présent?

Dans le cadre de mon projet, nous avons ciblé de petites molécules qui diminuent la capacité de P. aeruginosa de former des biofilms. En traitant contre P. aeruginosa à l’aide de ces composés anti-biofilms, les bactéries « désarmées » ont été moins capables de former des biofilms et ont entraîné des infections plus faibles sur un modèle de vers infecté. En outre, ces traitements ont favorisé l’éradication antimicrobienne, rendant les biofilms plus sensibles à différents antibiotiques, dont certains d’entre eux sont couramment utilisés en clinique pour traiter les infections chroniques à P. aeruginosa chez les patients fibro-kystiques.

Quel est le plus grand défi que vous devez surmonter dans votre travail?

La recherche de nouveaux traitements n’est pas une quête facile. De nombreuses années s’écoulent entre la découverte initiale d’une molécule et son usage possible en clinique. Selon moi, le plus grand défi de ce projet est la quantité considérable de travail qu’il reste encore à accomplir pour mieux caractériser les molécules ciblées avant qu’elles soient prises en compte pour le traitement des infections chroniques à P. aeruginosa chez les patients atteints de FK.

Comment pensez-vous que ces travaux amélioreront la vie des personnes fibro-kystiques?

P. aeruginosa est une bactérie très néfaste qui, après avoir infecté les personnes atteintes de FK, est presque impossible à éradiquer. La présence chronique de P. aeruginosa dans les poumons FK est associée à des dommages permanents et altère la fonction pulmonaire, ce qui diminue la qualité de vie des patients. Mes travaux visent principalement à découvrir une autre approche anti-virulence pour traiter ces infections qui, je crois, pourrait mener à la découverte de nouveaux traitements contre les infections à P. aeruginosa , pour en fin de compte améliorer la qualité de vie des patients fibro-kystiques.

Parlez-nous de vos aspirations professionnelles pour l’avenir.

J’adore la recherche, et je veux combiner mon expérience pharmaceutique et mes travaux actuels en microbiologie. On m’a offert un poste comme agrégé de recherche au département de physiologie et de pharmacologie de la University of Calgary, où j’étudierai comment les microorganismes qui vivent au sein de notre organisme – le microbiota – altèrent différentes fonctions corporelles, dont celle qui nous protège des maladies. Je veux faire valider mon baccalauréat en pharmacie dans un avenir rapproché, afin de pouvoir travailler comme pharmacien au Canada, et j’aimerais possiblement obtenir un autre diplôme en combinant pharmacie et microbiologie.

erik

Biographie :

Erik a récemment défendu avec succès sa thèse de maîtrise en sciences à la University of Calgary, où ses études ont porté sur la découverte d’options thérapeutiques contre les infections chroniques à P. aeruginosa, une menace d’importance pour les patients fibro-kystiques. Il détient un baccalauréat en pharmacie de la University of Alfenas (Unifal), au Brésil et a reçu un bourse d’études « Science sans frontières » de la University of Calgary, où il a fréquenté la Faculté de médecine pendant un an à titre d’étudiant invité à temps plein, participant à des projets de recherche au laboratoire du Dr Shawn Lewenza. Erik est par la suite retourné au laboratoire du Dr Lewenza en tant qu’étudiant en maîtrise ès sciences, où il a fait porter ses travaux sur la découverte de petites molécules qui empêchent la formation de biofilms de P. aeruginosa, en tant que nouvelle approche anti-virulence pour traiter les infections bactériennes chroniques.