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Pleins feux sur la recherche

Capteurs environnementaux de Pseudomonas æruginosa pour déterminer la présence d’une infection chronique
Entrevue avec Dre Cara Haney

La Dre Cara Haney est professeure à la University of British Columbia et a récemment reçu une bourse de chercheur en début de carrière lors du concours 2021 de subventions et de bourses de Fibrose kystique Canada pour ses travaux de recherche intitulés : Capteurs environnementaux de Pseudomonas æruginosa pour déterminer la présence d’une infection chronique. Les chercheurs en début de carrière sont ceux qui ont récemment ouvert un laboratoire de recherche indépendant dans une université ou un hôpital. Fibrose kystique Canada s'est engagé à financer des chercheurs rigoureux en début de carrière en vue de bâtir et de maintenir un solide bassin de chercheurs dans le domaine de la FK au Canada, pour maintenant et pour l’avenir, qui ont les compétences requises pour produire la prochaine génération de percées dans ce domaine.

En 2021, Fibrose kystique Canada a travaillé avec la communauté fibro-kystique pour déterminer les 11 domaines prioritaires en matière de santé. Un de ces domaines était d’«éliminer les infections chroniques à Pseudomonas æruginosa». Les travaux de recherche de la Dre Haney, s’ils sont un succès, contribueront à cette importante priorité de recherche de la communauté FK.

Il s'agit du premier financement de Fibrose kystique Canada pour cette chercheuse, qui a reçu la bourse Marsha Morton de chercheur en début de carrière. Cette bourse, commanditée par Kin Canada (une organisation qui œuvre sans relâche pour contribuer au financement de la recherche sur la FK) avait été nommée à la mémoire d’une jeune fille décédée en 1988 de la fibrose kystique alors qu'elle avait 13 ans. La bourse est remise lors du concours de subventions et de bourses à la demande qui reçoit la note la plus élevée pour l’année en cours dans la catégorie des chercheurs en début de carrière. Marsha Morton a été la représentante officielle du partenariat Kin Canada-Fibrose kystique Canada et était l’enfant-vedette d’une campagne publicitaire. Son courage et sa détermination représentaient bien l’engagement de Kin Canada envers la cause de la FK.

Lisez l’entretien avec la Dre Haney, qui a parlé de ses travaux et de son implication auprès de Fibrose kystique Canada.

Qu'est-ce qui vous a amené à participer à la recherche sur la fibrose kystique, et qu'aimez-vous particulièrement à propos de votre travail?  

J’ai été formée en tant que biologiste des plantes, et mon laboratoire étudie des bactéries qui sont associées aux plantes ou aux animaux, mais qui ne causent habituellement pas de maladies. Ces bactéries sont nombreuses et sont présentes dans notre intestin, nos poumons ou sur les racines des plantes. On pourrait penser que le processus pathogénique qui touche les plantes est très différent de celui qui touche les humains, mais il n'est pas aussi différent que ça. Tant les végétaux que les animaux sont dotés d’un système immunitaire, et il s'avère que les moyens employés par les bactéries pour tolérer ces milieux et y survivre sont similaires. Si on se penche sur le système immunitaire d’une plante, on constate qu’il reflète le système immunitaire défaillant d’une personne fibro-kystique. Il semble en effet que ce qui permet à une bactérie de devenir pathogène chez une plante se compare à ce qui se produit chez les personnes fibro-kystiques.

Vos travaux de recherche financés par Fibrose kystique Canada portent sur Pseudomonas aeruginosa. Qu'est-ce que Pseudomonas aeruginosa? Pourquoi ce type de bactérie cause-t-il souvent des infections «?chroniques?» ou persistantes qui sont difficiles à éradiquer? 

Pseudomonas æruginosa est une bactérie pathogène opportuniste, ce qui signifie qu’elle est normalement présente sur la peau et dans les poumons, mais qu’elle ne cause pas de maladie quand elle n’en a pas l’occasion. La bactérie profite d’une faiblesse dans les poumons fibro-kystiques pour croître de façon disproportionnée. Une fois que Pseudomonas æruginosa est établie dans les poumons, il est difficile de s'en débarrasser, et elle est bien connue pour résister aux antibiotiques. Notre laboratoire tente de comprendre en premier lieu ce qui permet à ce pathogène opportuniste d'avoir tant de succès. La bactérie pose problème non seulement dans les poumons des personnes FK, mais aussi dans les plaies et les écorchures.

Qu’espérez-vous accomplir avec ces travaux de recherche? 

Notre objectif diffère un peu de celui de nombreuses autres études sur Pseudomonas æruginosa. Étant donné que cette bactérie est déjà présente dans les poumons, nous cherchons à savoir ce qui favorise son caractère opportuniste. Plutôt que d'attendre que Pseudomonas devienne une infection chronique antibiorésistante et qu’il faille mettre au point un nouvel antibiotique pour la traiter, nous espérons pouvoir comprendre les tout premiers stades de cette infection à Pseudomonas dans les poumons touchés par la FK, afin d’intervenir dès le début, avant que la bactérie devienne un puissant pathogène. Le but est de mettre au point des traitements ou une autre approche qui stopperont la bactérie dès les premières étapes, empêchant la survenue d’une infection chronique par Pseudomonas dans les poumons.

Quelles sont vos dernières découvertes en matière de recherche?  

Nous avons découvert qu’au cours de ces premiers stades, Pseudomonas doit «ressentir» son milieu. Elle arrive à savoir qu'elle se trouve dans des poumons touchés par la FK et parvient à modifier sa physiologie. Nous avons trouvé des modifications bien précises qui n'avaient pas encore été découvertes dans la structure de la membrane externe. La membrane externe de la bactérie joue un rôle important dans l’antibiorésistance. Cette membrane est spécialisée et elle est recouverte. Elle peut agir comme un scellant efficace qui empêche les antibiotiques de pénétrer. Certaines modifications ne se produisent pas normalement dans la nature, mais elles ont lieu quand la bactérie colonise certains endroits, comme les poumons. En sachant cela, nous espérons mettre au point des médicaments qui empêcheront véritablement ces modifications de se produire, empêchant ainsi aussi la bactérie de devenir néfaste. Elle resterait une bactérie commensale, non pathogène, dans les poumons (Note de la rédaction: Une bactérie est dite « commensale » si elle est normalement présente sur certaines régions du corps. Il s'agit de bactéries qui ne sont pas néfastes et qui peuvent même être bénéfiques).

Qu'est-ce que cela signifiera pour les personnes atteintes de FK? 

Plutôt que d'attendre que les personnes soient porteuses d’infections difficiles à traiter, j’ai espoir qu’on arrive à comprendre ce qui permet à ces infections de s’installer. On peut espérer que ces infections bactériennes représenteront moins un problème chez les personnes qui ont accès à Trikafta, mais cela pourrait ne pas toujours être le cas. Il se pourrait aussi que ces personnes soient porteuses d’infections plus bénignes, mais qui pourraient s'aggraver au fil du temps. Si nous pouvons nous assurer que Pseudomonas ne devienne pas une infection chronique, nous pourrons, je l'espère, préserver la fonction respiratoire et améliorer la qualité de vie de toutes les personnes atteintes de FK. De façon plus générale, j'espère que cela pourra aider contre d'autres infections bactériennes chroniques. Je crois qu’il y a un parallèle à faire avec d'autres infections cutanées ou bactériennes chez les personnes sous immunosuppresseurs, comme celles atteintes de FK qui ont subi une transplantation. Mon souhait est donc de venir en aide à la communauté FK, et d'aider contre les centaines de milliers d’infections nosocomiales et autres maladies opportunistes causées par des bactéries commensales (non pathogènes).

Félicitations pour votre bourse Marsha Morton de chercheur en début de carrière. Pouvez-vous nous dire un peu ce que représente cette bourse pour vous et vos travaux?  

La portée est toujours plus grande quand vous faites quelque chose à la mémoire de quelqu’un, en particulier une si jeune personne qui a travaillé avec tant d'ardeur pour améliorer la communauté et qui a tant contribué. La communauté FK a eu dans le passé et continue d'avoir des porte-parole incroyables, c'est donc un réel plaisir de travailler avec ses membres et de mettre un visage sur le nom des gens avec qui j’ai travaillé. Le fait de savoir que nous pourrions faire une véritable différence dans la vie de vraies personnes qui ont de vrais besoins a une grande valeur pour moi et pour les membres de mon laboratoire. C'est une réelle source d’inspiration.

C'est aussi extraordinaire que Fibrose kystique Canada, en tant qu’organisme, donne une voix aux membres de la communauté pour qu’ils puissent faire valoir leurs propres droits et intérêts et ceux des autres, en particulier aux adolescents, qui ont beaucoup d’énergie pour se battre. C'est beau de voir qu’ils ont une plateforme, et dans ce cas-ci, un héritage.

« La recherche est un moyen fondamental de changer la vie des Canadiens atteints de fibrose kystique pour le mieux, déclare Lisa Burechails, présidente du Comité de liaison Kin Canada-Fibrose kystique Canada. Kin Canada est un fier commanditaire de la bourse Marsha Morton de chercheur en début de carrière, et nous sommes honorés de remettre la bourse de cette année à Cara Haney, qui fera sans contredit une grande différence dans le domaine de la fibrose kystique. » 

Kin Canada a amassé le montant incroyable de 50 millions de dollars depuis le début de son partenariat avec Fibrose kystique Canada. Il s'agit du plus gros don cumulatif reçu par Fibrose kystique Canada en 60?ans d’histoire. Fibrose kystique Canada est honoré de faire partie de ce précieux partenariat.