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Nous irons toujour plus loin ensemble

Pleins feux sur la recherche

Nos collaborations en recherche: Améliorer l’accès aux traitements
Entrevue avec Dre Christine Bear

Explorer le potentiel de Trikafta chez des personnes fibro-kystiques porteuses de mutations rares

Dre Christine Bear est une chercheuse du Hospital for Sick Children (SickKids) de Toronto, qui a récemment reçu un financement pour poursuivre son projet collaboratif intitulé « Collaboration multicentrique visant à valider le recours aux cultures nasales provenant de patients en vue d’élargir l'accès aux modulateurs de la CFTR ». Elle espère découvrir comment utiliser Trikafta chez les patients fibro-kystiques porteurs de mutations autres que la F508del, soit la mutation la plus courante. Le recours à des cellules nasales pourrait permettre de démontrer que Trikafta améliore la santé pulmonaire de personnes qui n’ont pas pu avoir accès à ce médicament parce qu’elles sont porteuses de mutations rares.

Bien que ces travaux emballants soient encore en cours, ils ont déjà permis à Dre Bear de recevoir deux prix. Elle a en effet reçu le Prix Impact de la recherche Cathleen Morrison, ce qui signifie que son projet a obtenu la meilleure note lors du processus d’évaluation des demandes de subventions soumises à Fibrose kystique Canada, note donnée par des membres bénévoles de la communauté et les évaluateurs scientifiques. Dre Bear a aussi reçu une subvention de perfectionnement aux chercheurs principaux, qui souligne la contribution d'un chercheur reconnu et ayant réalisé un bilan scientifique exceptionnel dans le domaine de la FK sur de nombreuses années, et dont la demande dans le cadre du concours de subventions et de bourses de Fibrose kystique Canada a reçu une note très élevée.

Poursuivez votre lecture ci-dessous pour en savoir plus sur la contribution de Dre Christine Bear à la recherche sur la FK.

 

Qu'est-ce qui vous a amenée à participer à la recherche sur la FK, et qu'aimez-vous particulièrement à propos de votre travail?

Je participe à la recherche sur la fibrose kystique depuis de nombreuses années. J'ai été embauchée par le Hospital for Sick Children (SickKids) à peu près au moment où le gène CFTR a été découvert, pour étudier l'activité des canaux permettant le passage des ions chlorure dans les cellules. Bien entendu, j’étais emballée de me joindre au SickKids au moment même de cette découverte exceptionnelle.

La recherche sur la FK a une longue histoire passionnante. Après la découverte du gène, ça a été incroyable de participer aux apprentissages sur la protéine et l'effet des mutations sur celle-ci. Ces travaux ont mené à la découverte de traitements dont peuvent maintenant bénéficier des membres de la communauté. C'est inspirant d’être témoin de tout ça. C'est aussi parfois frustrant, car nous savons que certaines personnes n’ont pas accès à ces traitements. C'est pourquoi nous mettons l'accent sur l’amélioration de l’accès aux traitements pour tous.

 

Pouvez-vous nous parler un peu de votre projet intitulé « Collaboration multicentrique visant à valider le recours aux cultures nasales provenant de patients en vue d’élargir l'accès aux modulateurs de la CFTR »?

À l’aide de cellules nasales prélevées chez des Canadiens fibro-kystiques dans le cadre du Programme de thérapie individualisée de la fibrose kystique (PTIFK), nous testons la capacité de réponse à Trikafta en laboratoire. Notre hypothèse est que la réponse des cellules nasales d’une personne en laboratoire sera un indicateur de la réponse clinique de cette personne. Cela devrait nous aider à déterminer qui bénéficiera de Trikafta et pour quelles mutations du CFTR ce médicament fonctionnera, hormis la mutation F508del pour qui le médicament est déjà indiqué. Nous avons encore beaucoup de travail à accomplir. Nous comparons actuellement la réponse en laboratoire de cellules nasales porteuses de la mutation F508del à celle des donneurs de ces cellules après qu’ils ont commencé à prendre Trikafta. Si nous parvenons à démontrer une corrélation au sein de ce groupe, cela laissera supposer que la réponse de cellules porteuses de mutations rares obtenue en laboratoire nous aidera à déterminer à quels patients Trikafta bénéficiera dans un contexte clinique. Ce que nous constatons jusqu’à maintenant nous encourage.

 

Qui n’a pas accès actuellement à Trikafta au Canada?

À l’heure actuelle, les personnes porteuses du génotype F508del peuvent recevoir Trikafta. Nous étions ravis d'apprendre que le régime public de l’Ontario remboursera le coût de ce médicament. Toutefois, certaines personnes fibro-kystiques n’ont pas accès à des traitements ciblés et efficaces car elles sont porteuses d'autres mutations.

Nos travaux en laboratoire sur les cellules nasales nous montrent que des personnes qui n’ont pas accès à Trikafta actuellement pourraient peut-être répondre au traitement. Grâce à notre nouvelle subvention, nous générons les données de preuve requises pour appuyer le recours à Trikafta chez un plus grand éventail de personnes atteintes de FK.

Que représentent vos travaux pour les personnes atteintes de FK?

Si on confirme l'efficacité de Trikafta chez certaines personnes non porteuses de la mutation F508del, nous devrons tous déployer beaucoup d'efforts pour faire valoir l'accès pour ces personnes. Si l’essai montre que les cellules de patients répondent au médicament, nous devrons persuader Santé Canada, et ultimement les régimes provinciaux de rembourser Trikafta pour ces autres mutations. À plus long terme, cela pourrait signifier que plus de Canadiens atteints de FK auront accès à un traitement comme Trikafta.

 

Qu'espérez-vous tirer de vos travaux de recherche?

À court terme, ce que j’espère – et ce envers quoi je m’engage fermement – c'est améliorer l'accès à ce traitement. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir et tout ce que Fibrose kystique Canada nous croit capables de faire pour aider à atteindre ce but. À plus long terme, nous renforcerons les capacités en matière de recherche que nous avons ici pour mettre au point de nouveaux traitements novateurs. La FK est une candidate de choix pour bénéficier de nouvelles avancées technologiques qui commencent à émerger dans d’autres domaines thérapeutiques.

 

Vous avez reçu récemment le Prix Impact de la recherche Cathleen Morrison, ce qui signifie que votre recherche a été classée première par notre groupe d’évaluateurs. Que représente ce prix pour vous?

J’étais très touchée et très reconnaissante quand j’ai été informée de ce prix. Cela signifie que la communauté reconnaît l’importance de ces travaux. Le fait que les évaluateurs ont réalisé et senti notre engagement est un réel honneur.

Je connais bien par ailleurs Cathleen Morrison. Elle comptait parmi les plus fervents défenseurs de la recherche sur la FK que j'ai connus. Elle était inépuisable. Elle était là au moment de la découverte du gène et au tout début de mes travaux de recherche. J’ai une relation chaleureuse avec Cathleen, et c’est aussi pourquoi j’ai été si bouleversée, heureuse et reconnaissante de recevoir ce prix.

« C'est un grand honneur pour moi de remettre le Prix Impact de la recherche qui porte mon nom à Dre Christine Bear. Dre Bear a consacré sa vie professionnelle à la science de la fibrose kystique, et elle est une sommité internationale dans son domaine, a indiqué Cathleen Morrison, ancienne présidente et chef de la direction de Fibrose kystique Canada et celle qui a inspiré la création de ce prix. Les travaux de Dre Bear ont retenu l'attention du public au début des années 90 quand, en collaboration avec le DJack Riordan, elle a trouvé le chaînon manquant entre les connaissances sur le gène responsable de la fibrose kystique et ce qu’on croyait être l’anomalie de base de la maladie. Elle a démontré in vitro pour la toute première fois que la protéine produite par le gène, dans les cellules épithéliales, servait de canal pour transporter le chlorure. Désormais chercheuse principale et codirectrice du centre spécialisé sur la FK au Hospital for Sick Children de Toronto, Dre Bear chevauche les domaines de la recherche fondamentale et de la recherche clinique en vue de concevoir des stratégies visant précisément les traitements ciblés de la FK. »

 

Vous avez aussi reçu une subvention de perfectionnement aux chercheurs principaux. Cette subvention souligne la contribution d'un chercheur reconnu et ayant réalisé un bilan scientifique exceptionnel dans le domaine de la FK sur de nombreuses années, et dont la demande dans le cadre du concours de subventions et de bourses de Fibrose kystique Canada a reçu une note très élevée. Que pensez-vous de cette subvention?

Ça m’a coupé le souffle. Tout au long de ma carrière, j'ai voulu par-dessus tout apporter une contribution dans mon domaine, et c'est extrêmement gratifiant que cela soit reconnu de cette manière. J'espère seulement que nous pourrons continuer d'avoir les répercussions que je crois possibles. Nous sommes bien positionnés pour aider à améliorer l'accès à Trikafta et sommes aussi sur la bonne voie pour que nos travaux actuels à l'aide de cellules souches puissent mener à des découvertes pour les mutations très rares contre lesquelles il n’y a aucun traitement à ce jour. Je suis reconnaissante et touchée d'avoir reçu ces récompenses, qui renouvellent mon sens du devoir.

 

Joignez-vous à nous sur ZOOM le lundi 12 septembre à 19 h (en anglais) pour discuter avec Dre Christine Bear de ses travaux de recherche.