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Pleins feux sur la recherche

Dr Lindsay Eltis - Des chercheurs qui s’efforcent de mieux comprendre un important agent pathogène dans la FK
Dr Lindsay Eltis - Des chercheurs qui s’efforcent de mieux comprendre un important agent pathogène dans la FK

Lindsay Eltis est professeur et chercheur à l’Université de la Colombie-Britannique. Il a récemment reçu un financement de Fibrose kystique Canada pour ses travaux intitulés : Cibler le catabolisme des corticostéroïdes contre Mycobacterium abscessus dans la mise au point de nouveaux traitements. Fibrose kystique Canada a noué un partenariat avec la Cystic Fibrosis Trust du Royaume-Uni pour octroyer ce financement. Le type d’infections étudié par le Dr Eltis est une source de préoccupation mondiale pour les patients atteints de FK, et Fibrose kystique Canada est ravi de collaborer avec la CF Trust dans le cadre de cet important projet de recherche. Poursuivez votre lecture pour en apprendre davantage sur les travaux du Dr Eltis dans le domaine de la fibrose kystique.

Que sont les mycobactéries non tuberculeuses et pourquoi sont-elles préoccupantes dans la fibrose kystique?

Les mycobactéries non tuberculeuses – ou MNT – sont un groupe de bactéries. Les espèces les mieux connues dans ce groupe sont Mycobacterium tuberculosis et Mycobacterium leprae. Les MNT comprennent des espèces retrouvées communément dans le sol et l'eau, presque tout le monde est donc en contact avec elles à un moment ou à un autre.

Généralement et chez la plupart des gens, elles ne causent pas d’infection. Elles deviennent préoccupantes chez les personnes qui ont déjà une maladie pulmonaire ou dont le système immunitaire est affaibli, car elles sont considérées comme des agents pathogènes opportunistes, c'est-à-dire qu'elles profitent de l'affaiblissement des mécanismes de défense de leur hôte. Par conséquent, les MNT posent un risque seulement chez les personnes qui ont des problèmes de santé et elles ne se propagent généralement pas d’une personne à l’autre.

Un type précis de MNT, Mycobacterium abscessus, peut cependant infecter les patients fibro-kystiques. Étant donné que la FK s’attaque aux poumons et rend les personnes atteintes plus sensibles aux infections, la transmission de Mycobacterium abscessus est de plus en plus préoccupante au sein de la communauté.

Pouvez-vous nous parler brièvement de vos travaux?

Mes travaux visent à comprendre comment les bactéries peuvent dégrader des substances et croître sur celles-ci, ce que d'autres vivants, comme des végétaux et des animaux ne peuvent pas faire. Les stéroïdes sont l’une de ces substances. Alors que les végétaux et les animaux produisent des stéroïdes, ils ne peuvent pas les dégrader et les utiliser comme source de nourriture. Seules certaines bactéries, comme les mycobactéries, possèdent cette capacité unique de dégrader les stéroïdes et de croître sur eux. Mes travaux visent principalement à découvrir comment ces bactéries parviennent à faire cela.

Pouvez-vous nous expliquer la portée que ce projet aura pour la communauté de la recherche et pour les personnes fibro-kystiques?

Mes travaux nous aideront à comprendre comment Mycobacterium abscessus survie dans les poumons humains. Si nous sommes chanceux, nous pourrons, ainsi que d'autres équipes, miser sur ces connaissances pour mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques pour lutter contre ce type d’infections.

Les traitements médicamenteux actuels contre les infections à Mycobacterium abscessus doivent être pris pendant jusqu’à 2 ans et ils parviennent à éradiquer l’infection dans seulement 30 pour cent des cas. En outre, les infections qui ne sont pas éradiquées – donc dans 70 pour cent des cas – sont associées à un déclin accéléré de la fonction respiratoire.

En résumé, ce projet examinera une importante voie métabolique empruntée par Mycobacterium abscessus pour savoir comment elle contribue à la capacité de la bactérie de provoquer des infections. Avec de la chance, ces connaissances serviront de fondement pour la mise au point de nouvelles stratégies de traitement qui sont requises d’urgence pour raccourcir la durée des traitements actuels et améliorer les résultats obtenus par les patients atteints de FK.

Pouvez-vous nous expliquer le rôle joué par le cholestérol dans ce processus? Comment le fait de déterminer le fonctionnement de ces bactéries et les interactions avec celles-ci influera-t-il sur les traitements médicamenteux?

Le caractère pathogène de Mycobacterium abscessus découle de sa capacité de croître chez son hôte humain. Cette capacité dépend à son tour du pouvoir de la bactérie de se nourrir des nutriments dans l’hôte pour continuer de se multiplier. Nos travaux montrent que le cholestérol est un nutriment important qui fournit l’énergie nécessaire à Mycobacterium abscessus pour croître dans les poumons humains et provoquer des infections. Cette stratégie bactérienne est très efficace, car nos cellules renferment beaucoup de cholestérol, car nous en avons besoin. Dans le cadre de notre travail, nous tenterons de déterminer si la capacité de la bactérie de dégrader le cholestérol est essentielle pour qu’elle puisse causer des infections. Dans l'affirmative, nous pourrons ensuite mettre au point des nouveaux traitements qui préviendront les infections causées par Mycobacterium abscessus, essentiellement en empêchant la bactérie de dégrader le cholestérol, la privant ainsi de nutriments.

Avez-vous fait des découvertes importantes ou atteint des jalons jusqu’à présent?

Nos travaux ne font que commencer, mais nous avons découvert d’étonnantes différences entre Mycobacterium abscessus et Mycobacterium tuberculosis. Mycobacterium tuberculosis peut seulement dégrader le cholestérol et croître sur ce dernier; c'est le seul stéroïde qui lui est utile. Mycobacterium abscessus peut dégrader deux stéroïdes différents et croître sur ceux-ci, soit le cholestérol et la testostérone. Nous ne savons pas encore la portée de cette découverte, mais il se trouve que Mycobacterium abscessus se sert de voies légèrement différentes pour dégrader chacun de ces deux stéroïdes. Nous pouvons désormais tester le rôle de chacune de ces voies dans un modèle d’infection. Une meilleure compréhension de ces processus nous aidera à cibler des traitements à venir contre les bactéries MNT qui posent un très grand défi dans le traitement des patients atteints de FK.

La communauté de la FK a fourni à Fibrose kystique Canada une liste de priorités de la recherche. Vous avez laissé entendre que vos travaux allaient améliorer la détection et le traitement des infections des voies respiratoires. Pouvez-vous nous expliquer comment vous comptez y parvenir? Comment allégerez-vous le fardeau des traitements?

Si nous parvenons à montrer la capacité de la bactérie à dégrader le cholestérol et à prouver que cette démarche est essentielle pour provoquer des infections, nous pourrons ensuite mettre au point de nouveaux médicaments qui priveront Mycobacterium abscessus de nutriments et l'empêcheront ainsi d'être néfaste. Comme je l’ai mentionné, les traitements actuels durent 2 ans et mènent à des succès dans seulement 30 pour cent des cas. La mise au point de nouveaux traitements raccourcira cette durée et améliorera les résultats obtenus par les patients atteints de FK.

Félicitations pour votre prix du projet ayant reçu la note la plus élevée dans la catégorie de recherche fondamentale. Que représente une telle reconnaissance pour vos travaux?

Ce prix est formidable! Une telle reconnaissance de la part d’une fondation comme Fibrose kystique Canada confère plus de valeur à notre projet. Mais ce qui compte encore plus, c'est de savoir comment la bactérie fonctionne réellement, et de concevoir des stratégies thérapeutiques efficaces. Par ailleurs, cette reconnaissance nous permet de faire avancer nos travaux et, on l'espère, ceux-ci nous permettront de faire une différence positive dans la communauté de la fibrose kystique.