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Pleins feux sur la recherche

Dre Valerie Waters - Interactions entre Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus et tolérance antimicrobienne chez les patients fibro-kystiques
Dre Valerie Waters

La Dre Valerie Waters est professeure en pédiatrie à la University of Toronto et médecin au Département des maladies infectieuses du Hospital for Sick Children (SickKids). La Dre Waters a récemment reçu une subvention de Fibrose kystique Canada pour son projet de recherche intitulé Interactions entre Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus et tolérance antimicrobienne chez les patients fibro-kystiques. Ses travaux porteront principalement sur les co-infections par ces bactéries dans l’espoir de mener à des traitements plus efficaces. Nous vous invitons à poursuivre votre lecture afin d’en apprendre davantage sur la contribution de la Dre Waters à la recherche sur la FK 

Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les infections PA et SA et nous parler de leurs propriétés de résistance aux antibiotiques? 

Pseudomonas aeruginosa (PA) et Staphylococcus aureus (SA) sont deux des pathogènes bactériens les plus communs chez les patients fibro-kystiques. Les infections à SA surviennent généralement chez les jeunes enfants, tandis que les infections à PA sont de plus en plus courantes avec l’âge. Cependant, il y a une période où ces deux infections se chevauchent, entraînant ainsi une co-infection par les deux bactéries chez 30?% des patients FK 

En termes de résistance antimicrobienne, les deux infections ont développé une résistance à des antibiotiques différents. Notre recherche se concentre sur la façon dont les interactions entre ces deux bactéries peuvent les rendre plus résistantes aux antibiotiques que si elles agissaient seules. 

Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre projet de recherche? 

Il s’agit d’une étude par observation chez les enfants FK, à partir d’échantillons d’expectorations prélevés au St. Michaels Hospital et au SickKids pour examiner les infections à PA et SA et leurs interactions mutuelles. Nous allons examiner la distribution géographique entre ces bactéries et déterminer si les co-infections sont associées à des résultats différents par rapport à l’infection par une seule bactérie.  

Amanda Morris, associée de recherche et récipiendaire l’an dernier d’une bourse de recherche postdoctorale de Fibrose kystique Canada, a mis au point une façon d’examiner les bactéries directement dans les expectorations des patients FK. En termes simples, nous cherchons à comprendre comment ces bactéries interagissent et en quoi cela peut affecter les traitements. Nous voulons savoir comment mieux traiter les patients atteints d’infections chroniques à PA puisque jusqu’à maintenant nous n’avons pas un portrait clair de la façon dont leurs interactions affectent le traitement antimicrobien 

Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la recherche dans le domaine de la FK et plus précisément, qu’est-ce qui vous a amené à ce projet de recherche précis? 

Voilà maintenant 25 ans que j’effectue de la recherche sur les infections liées à la fibrose kystique. J’ai commencé à titre de boursière en maladies infectieuses à New York et j’ai travaillé dans le laboratoire de fibrose kystique des Dres Alice Prince et Lisa Saiman, deux chercheuses bien connues. À mon retour à Toronto, j’ai eu l’occasion de collaborer avec les cliniques de FK du SickKids et du St. Michael’s Hospital pour mettre en œuvre des méthodes plus efficaces pour traiter les patients FK présentant des infections pharmacorésistantes. Ainsi, notre recherche est fondée sur les troubles cliniques constatés chez les patients FK, et nous cherchons activement à développer de meilleures façons de traiter les infections pulmonaires pour permettre aux patients FK de vivre plus longtemps et en meilleure santé.  

Pour répondre à votre question, nous étudions les infections à PA et à biofilm depuis longtemps déjà, et il est devenu plus évident au cours des dernières années que les organismes ne survivent pas par eux-mêmes dans les voies respiratoires, mais qu’il existe plutôt un système microbien complexe chez les patients FK. Nous avons découvert que les bactéries pourraient en fait interagir les unes avec les autres dans les voies respiratoires, ce qui peut avoir une incidence sur leur comportement et leur sensibilité aux antibiotiques. 

Pouvez-vous nous parler de l’importance qu’aura ce projet selon vous, tant pour les chercheurs que pour les personnes FK?  

Les approches que nous préconisons pour cette recherche sont relativement nouvelles, ce qui est très prometteur. L’idée de prélever des échantillons d’expectorations et d’examiner directement la biogéographie et les interactions géospatiales ne s’applique pas souvent aux patients FK et n’a pas encore été utilisée pour examiner deux organismes simultanément. Donc, en ce qui concerne la recherche, il sera intéressant de déterminer si cette méthode pourrait être prometteuse pour l’avenir 

Nous espérons que cette méthode nous aidera à comprendre comment mieux traiter les co-infections chez les patients FK. À l’heure actuelle, il n’y a pas de consensus clair sur le schéma thérapeutique lorsqu’il y a présence de deux bactéries qui interagissent mutuellement, et je crois que notre recherche est un premier pas prometteur pour résoudre ce problème. 

Jusqu’à présent, avez-vous franchi des étapes importantes dans votre recherche? 

Jusqu’à présent, nous avons recruté près de 15 patients avec l’aide du SickKids, du St. Michael’s Hospital et de McGill. L’une des étapes importantes franchies par Amanda jusqu’à présent est la validation de cette nouvelle méthode et l’identification de contrôles positifs et négatifs pour prouver qu’il s’agit effectivement de la bactérie Pseudomonas. Je crois que le fait que plusieurs techniques et méthodes que nous avons utilisées jusqu’à présent soient fructueuses constitue en soi une étape importante 

FK Canada compte un certain nombre de priorités de recherche qui ont été déterminées par la communauté FK. Vous avez indiqué que votre recherche pourrait potentiellement éliminer les infections chroniques à PA, améliorer la détection des infections des voies respiratoires et atténuer la gravité de ces infections. Pouvez-vous nous expliquer comment vous prévoyez y parvenir? 

Je pense qu’il est important de se rappeler que les infections à Pseudomonas demeurent présentes au sein de la communauté FK. Bien que des modulateurs soient maintenant prescrits à plusieurs de nos patients, il demeure que certains n’y ont pas accès, et les infections à Pseudomonas sont présentes au sein de ces deux populations.  

Malheureusement, comme je ne crois pas que les infections à Pseudomonas seront éliminées de notre communauté dans un avenir rapproché, il est important que nous sachions comment les traiter et comment réduire le nombre de patients FK qui en sont touchés. Bien que je souhaite que Pseudomonas puisse être complètement éradiquée, pour le moment il est important que nous concentrions nos efforts sur la recherche de traitements efficaces. 

Comment voyez-vous évoluer les choses au cours des cinq à dix prochaines années pour les personnes FK? 

J’ose espérer qu’avec un accès accru aux modulateurs ainsi qu’à leur utilisation auprès des personnes FK plus jeunes, le jour viendra où nous n’aurons plus à faire face à ces infections. Si l’on peut corriger la fonction sous-jacente et empêcher la colonisation de la bactérie Pseudomonas, alors nous pouvons prévenir ces infections. J’espère que d’ici cinq à dix ans, les patients cesseront de développer des infections et lésions pulmonaires, et que ceux qui n’ont actuellement pas accès aux modulateurs auront accès à des médicaments capables de corriger ces défaillances sous-jacentes