RETOUR AU BLOG

Découvrir de nouvelles façons de contrer Pseudomonas aeruginosa

JULY 25, 2017

Pseudomonas aeruginosa est l’un des pathogènes pulmonaires les plus courants chez les personnes atteintes de fibrose kystique. Les médicaments pour le traiter sont peu nombreux et leur efficacité est menacée par la « tolérance aux médicaments », qui permet à P. aeruginosa de survivre à l’antibiothérapie même en l’absence de résistance génétique.

En 2015, le Dr Dorival Martins a entrepris un projet de recherche postdoctorale financé par Fibrose kystique Canada, sous la supervision de la Dre Dao Nguyen, à l’Université McGill. Le Dr Martins veut mieux comprendre comment P. aeruginosa est en mesure de survivre à l’antibiothérapie, afin de trouver d’autres moyens de le traiter. Dr Martins et Dre Nguyen ont découvert de nouveaux mécanismes employés par P. aeruginosa pour échapper à l’attaque mortelle des antibiotiques; ces mécanismes pourraient être ciblés pour améliorer l’efficacité des médicaments utilisés actuellement.

 

Entretien avec le Dr Dorival Martins

Quels sont les principaux résultats de votre recherche?

La tolérance aux antibiotiques rend le traitement de Pseudomonas aeruginosa difficile chez les patients atteints de FK. Pour compliquer davantage les choses, nous ne comprenons pas complètement comment Pseudomonas aeruginosa acquiert une tolérance aux antibiotiques. Nous avons découvert que la superoxyde dismutase, une enzyme antioxydante produite par Pseudomonas aeruginosa pour empêcher que la bactérie ne soit endommagée, aide Pseudomonas aeruginosa à survivre aux antibiotiques. Ces défenses antioxydantes pourraient contribuer à l’échec de l’antibiothérapie chez les patients atteints de FK.

Quels seront les effets des résultats de vos recherches sur la communauté FK?

Le traitement efficace des infections à Pseudomonas aeruginosa est essentiel pour prévenir la détérioration de l’état des patients atteints de FK. À l’heure actuelle, seuls quelques médicaments peuvent traiter Pseudomonas aeruginosa et leur efficacité est limitée en présence d’infections chroniques. Malheureusement, aucun nouveau médicament anti-pseudomonas n’a été homologué au cours des deux dernières décennies et nous avons un besoin urgent de méthodes différentes pour contribuer à mettre au point de meilleurs antibiotiques.

Nos travaux montrent que la superoxyde dismutase joue un rôle important dans la tolérance aux antibiotiques de Pseudomonas aeruginosa. Ces observations soulèvent la possibilité que les voies antioxydantes puissent être perturbées pour contrer la tolérance aux antibiotiques et par conséquent, contribuer à accroître l’efficacité des antibiotiques contre Pseudomonas aeruginosa et mener à une amélioration de la santé pulmonaire des patients FK. Toutefois, il importe de souligner que ce travail ne représente que la première étape de la mise au point de thérapies novatrices.

Quelles seront les étapes suivantes de votre recherche?

Il y a encore beaucoup de travail à faire pour définir et comprendre le rôle de la superoxyde dismutase dans la tolérance de Pseudomonas aeruginosa aux antibiotiques. Par exemple, nous faisons des recherches pour savoir si les médicaments qui inhibent la superoxyde dismutase pourraient être utilisés en association avec les antibiotiques pour s’opposer à la tolérance et combattre efficacement l’infection. De plus, nous ne comprenons pas encore tout à fait les multiples étapes qui interviennent dans la tolérance aux antibiotiques causée par la superoxyde dismutase; le fait d’élucider ces étapes pourrait fournir des cibles additionnelles pour la mise au point de meilleurs traitements antibiotiques.

Quels sont vos plans de carrière une fois votre projet de recherche postdoctorale terminé?

Il me reste encore du temps à consacrer à mes travaux postdoctoraux avec la Dre Dao Nguyen, ce qui représente une expérience formidable. Dans un avenir proche, je compte créer un groupe de recherche axé sur la physiologie chimique et la biologie moléculaire de la tolérance antimicrobienne, qui représente un grand problème non seulement pour les bactéries, mais également pour les champignons pathogènes et autres parasites. À titre de biochimiste du stress oxydatif, je souhaite définir les mécanismes de la tolérance antimicrobienne causée par ce stress, qui potentialise la chimiothérapie antimicrobienne. Je compte non seulement continuer à me pencher sur le rôle de la superoxyde dismutase dans la tolérance aux antibiotiques, mais également élargir ces résultats à d’autres défenses face au stress et préciser des cibles thérapeutiques pour la potentialisation antimicrobienne. La bourse postdoctorale en FK m’a fourni d’excellentes occasions de développer ce formidable projet qui touche à la fois la biochimie fondamentale et le problème pertinent sur le plan médical de la tolérance aux antibiotiques. Cette occasion a représenté une étape cruciale de mes objectifs de carrière.